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Hírek 2020

Rendkívüli művek, rendkívüli időkben – Les oeuvres tissées de souvenirs et de lumière d’Endre Rozsda

Endre Rozsda (1913, Mohács – 1999, Paris), d’origine hongroise mais ayant vécu la majeure partie de sa vie à Paris, est une figure incontournable de l’histoire de l’art du XXe siècle. Étant l’un des membres fondateurs du groupe progressiste d’après-guerre, „École Européenne” en Hongie, après son retour à Paris en 1957, il a devenu membre du cercles d’André Breton et de surréalistes. De 1976 à sa mort, il a vécu et travaillé dans le mythique atelier du Bateau-Lavoire. Son oeuvre, qui s’étend sur plus de 60 ans, a été présenté pour la première fois en Hongrie au Műcsarnok en 1998, suivi d’expositions monumentales au Musée des Beaux-Arts de Budapest et à la Galerie nationale hongroise.

Rozsda Endre: Vitrail, 1998, l’huile sur toile, 33×24 cm

Le tableau, Vitrail est l’une des dernières œuvres de Rozsda, réalisée en 1998, seulement un an avant la mort de l’artiste. Le petit tableau (33×24 cm) a un effet monumental, évoquant les vitraux d’une cathédrale gothique devant les spectateurs. Le motif central de l’œuvre qui a une composition centrale est une représentation du «Christ sur le Trône» apparaissant souvent dans les décorations des églises comme des statues ou bien les vitraux. La figure centrale est schématiquement représentée; il porte une couronne sur la tête, entourée d’une lumière glorieuse apparaissant en cercles concentriques. Sous ses pieds, des marches rouges descendent du trône saint. Dans la partie inférieure horizontale de la peinture, d’autre figures sacrées apparaissent dans les auréoles en forme d’amande appelé mandorle, approfondissant l’association céleste. Un motif circulaire avec une forme rappelant un trèfle à quatre feuilles dedans, peut être découverte en plusieurs points de la composition, évoquant la quadrilobe, l’un des motifs de dentelle de pierre caractéristiques de l’architecture gothique. Les couleurs vives de la peinture – les nuances de jaune, orange, rouge et vert – renforcent encore l’association entre le tableau et les vitraux.

Bien que la nature schématique de la représentation rend impossible l’identification de tous les éléments du tableau sans aucun doute, basé sur les formes, on peut dire que les éléments architecturaux des cathédrales françaises, les formes impressionnantes des cathédrales gothiques, ont pu inspirer la peinture. Comme analogie, on peut penser à la porte et aux rosaces de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, où nous trouvons des éléments similaires que sur la peinture de Rozsda, notamment le motif central du Christ aparissant dans son auréole en forme du mandorle, la courbe des inserts de porte et le quadrilobe apparaissant dans la rosace.

Portail ouest, Cathédrale Notre-Dame de Chartres


La rosace centrale avec la forme du Christ, Cathédrale Notre-Dame de Chartres

Selon une photographie de Rozsda prise dans les années 1980 qui montre la célèbre galerie royale de l’église de Chartres, l’artiste a dû visiter la cathédrale qui ne situe que à environ 80 km de Paris, son domicile en France. Bien que l’oeuvre photographique d’Endre Rozsda soit encore peu connu à ce jour, sa visualité présente de nombreuses similitudes avec le monde de ses peintures. Dans ses tableaux matures, comme Le Vitrail, les différents plans spatiaux et temporels superposés tissent la surface de la peinture. Dans le cas des photograhies, c’est la technique de l’exposition multiple qui lui permet de se déplacer librement dans les dimensions. „Je me rêve vivant dans un monde où je puisse marcher sur la dimension du temps, en avant, en arrière, vers le haut, vers le bas ; où je puisse marcher, adulte, dans un temps où je fus en réalité enfant. Et enfant maintenant que je suis vieux, j’ouvre les fenêtres pour voir au-dehors. J’ouvre les fenêtres fermées pour voir au-dedans.” – écrit l’artiste dans son texte ”Méditation” concernant sa relation particulière au temps.

Rozsda Endre: Les rois, Chartres, photographe, c. 1980.

La spiritualité des cathédrales a inspiré Rozsda plusieurs fois, l’une des plus belles peintures avec une inspiration sacrée est l’Explosion dans la cathédrale II. Ici, nous pouvons observer les caractéristiques les plus importantes de la maturité de l’artiste qui fusionne l’espace et le temps, apparaît comme une structure de tissu ornementale, entrelacée de motifs denses. D’énormes énergies rayonnent du tableau, comme si le moment de l’explosion s’était gelé dans l’image. Les éléments encore reconnaissables d’un monde effondré, par exemple les arcs gothiques élancés en haut de la toile, complétés par des formes géométriques abstraites, remplissent complètement l’espace de l’image, Rozsda conduit le regard du spectateur d’un motif à l’autre pour trouver de plus en plus de connexions.

Rozsda Endre: Explosion dans la cathédrale II, 1980, huile sur toile, 92×72,5 cm

Dans les peintures d’Endre Rozsda, la cavalcade de motifs abstraits et de formes ainsi que de couleurs reconnaissables évoque une variété d’associations, des souvenirs de la mosaïque byzantine et de l’orfèvrerie aux tissages de tapisseries. Cependant, regardant un tableau de Rozsda méticuleuse, brillant de l’intérieur et extrêmement riche en motifs et ornements, les vitraux peuvent etre considerés comme l’un des domaines d’association les plus importants.

Dans l’esthétique du gothique, les vitraux étaient d’une importance capitale. Contrairement à l’architecture romaine avec ses églises ressemblant à une forteresse, trapue et sombre, avec la gothique au XIIe siècle l’ère des intérieurs lumineux, des systèmes structurels en filigrane et des bâtiments face au ciel est arrivée. Un moine bénédictin influent, l’abbé Suger de la basilique SaintDenis, pensait que les vitraux et les autres ornaments avec les thèmes religieux apparaissant dans la cathédrale étaient des «sources de lumière» capables de conduire les croyants religieux à la véritable luminosité suprême, qui est Jésus-Christ:

„L’œuvre noble brille, mais l’œuvre qui brille par sa noblesse,
Fait briller les esprits, afin qu’ils aillent, à travers les lumières vraies,
Vers la vraie lumière, où le Christ est la vraie porte.”
(inscription sur les portes de bronze doré du portail central ouest de la basilique)

L’art de Rozsda manque de religiosité concrete et de dénominations spécifiques, mais on peut dire qu’une sorte de lumière intérieure émane de ses peintures, et nous pouvons également considérer son travail comme „peinture avec de la lumière”. Selon le peintre: „De mes souvenirs et de la lumière, je fais un tissu dense et je contemple jusqu’à ce qu’il s’anime et me rende mon regard, et se dresse en face de moi. (….) Le tableau est fini quand il se détache de moi et prend son vol. S’il est réussi il existe par lui-même ; il possède son verbe, sa conception, son orbe. Il est né.” (Rozsda Endre: Pensées)

Dillmann Vanda

Varfok

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